île de
TRIELEN

ÎLE DE TRIELEN

Quelques détails...

Bande de terre orientée sud-ouest / nord-est, l'île de Trielen s'étend sur 1 km, pour une largeur maximale de moins de 300 m. Elle comporte un loc'h de 110m de diamètre dont l'eau est saumâtre.
On peut y débarquer par deux plages situées à l'est de l'île, Porz au nord, à proximité de l'île aux Chrétiens, et Porz Douc'h au sud, protégée des forts courants de la passe de la Chimère par une avancée rocheuse mais exposée aux vents de sud. La majorité du trait de côte est constituée de galets, de micro-falaises meubles et d'affleurements rocheux, et connait une forte érosion par endroits.
Trielen fait partie de la Réserve naturelle nationale d’Iroise (créée en 1992), gérée depuis octobre 2016 par l’Agence française pour la biodiversité / Parc naturel marin d’Iroise, en partenariat avec l’association Bretagne Vivante (anciennement SEPNB, qui en avait la charge depuis 1976).
L’accès à l’île est autorisé mais les activités sont réglementées (notamment : cueillette interdite, feu et camping interdits).

L'île a une forme très allongée avec une direction d'Ouest Sud-Ouest correspondant à l’orientation des massifs de granodiorite de la pointe des Renards.  Un  cordon  de  galets  s'est  soudé  à  l'extrémité  orientale  de  l'île,  et  a  isolé  un  loc'h. Des roches exotiques sont présentes sur les rivages méridionaux de cette île. Ce sont des galets d'origine volcanique (basalte à olivine) provenant du Sud de l'Islande et transportés par des radeaux de glace lors des glaciations du Quaternaire. Ils ont ensuite été poussés jusqu’au rivage actuel par les transgressions marines. Un gros bloc erratique de granite de l'Aber Ildut (Hallégouët 1984) est également présent sur l'estran à la pointe Est de l'île (l'affleurement de granite le plus proche se situe à plusieurs kilomètres au Nord).
(Source : Bretagne Vivante)

Situation de l'île :

Image

Vue aérienne :

photo©Anthony PENEL / www.survoldefrance.fr

Quelques photos...

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Reproduction interdite

UN PEU D'HISTOIRE

(Source : Wikipédia)
Les fouilles archéologiques menées sur l'île ont révélé la présence de plusieurs monuments mégalithiques et un site occupé au cours du second âge du fer (entre 450 et 50 av. J.-C.), avec notamment les traces d'un atelier de production de sel et des dépotoirs présentant des restes animaux variés et très bien conservés, permettant de mieux connaître le régime alimentaire des habitants à cette époque.

Comme Béniguet, au Moyen Âge, l'île appartient aux Comtes de Léon, puis à l'Abbaye de Saint-Mathieu.

Deux industriels, Pellieux et Mazé-Launay, installent vers 1870 deux usines à soude, l'une à Béniguet, l'autre à Trielen. Ces deux industriels ont inventé un nouveau modèle de four qui traite 60 kg de goémon toutes les deux heures, les convertissant totalement en 3 kg de soude. Mais ce brûlage du goémon est très polluant en raison de l'abondance des fumées émises.
En 1893 à Trielen, une épidémie de choléra (qui toucha toute la région) fit 14 morts dans un groupe composé en tout d'environ 25 personnes, qui étaient occupées à la fabrication de la soude.

Trielen a accueilli une ferme importante, comme en témoignent aujourd'hui ses ruines et ses bâtiments, mais aussi les murets en galets qui délimitaient les parcelles cultivées. De 1949 à 1955, elle est exploitée par 3 paysans goémoniers, qui y élèvent 12 vaches et cultivent la terre.

Jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, les habitants de Trielen faisaient fréquemment à pied, à marée basse bien entendu, le trajet d'une durée d'une heure et quart environ jusqu'à l'île de Molène à travers les rochers et le goémon. Une marche analogue est organisée chaque année depuis 1990 (voir ci-dessous)

Après l'abandon de cette activité agricole, elle est utilisée entre 1954 et 1959 comme centre de rééducation par le père Albert Laurent, à l'instar de l'île de Balanec. La mission que s'est donnée le père Laurent est de « favoriser le reclassement de jeunes ayant eu des difficultés avec la société », grâce à la vie au grand air et aux travaux des champs13. Plusieurs éducateurs se succèdent sur place (MM. Masselin, Morin et Le Doyen) ; leurs tentatives pour subsister sur les îles grâce à leurs productions propres se soldent par des échecs. « On ne mangeait pas tous les jours », se souvient Hubert de Boissieu, l'un des pensionnaires, qui séjourna quelques mois à Trielen en 1957. Les îliens de Molène voient parfois débarquer les jeunes colons ; ils les surnomment les « bagnards ». « On voyait qu'ils vivaient mal », se souvient Marcel Masson (Ancien Maire de Molène), qui était à l'époque adolescent. Les pensionnaires dépérissent, jusqu'à ce que le père de Jean-Claude Paul, alerté par une lettre de son fils, ne s'inquiète auprès du maire de Molène, M. Bourlès. Celui-ci alerte alors la gendarmerie du Conquet, dont l'enquête a pour conséquence un nouvel abandon des îles de Trielen et Balanec en 1957.

Cependant le père Laurent décide de renouveler l'expérience en confiant les centres à la garde du couple Dumoret. Celui-ci essaye tant bien que mal à l'aide de chevaux et de quelques têtes de bétail d'organiser sa subsistance, mais en vain. Un pensionnaire parvient à s'échapper à l'aide du youyou de Trielen.

À la suite de la constatation de mauvais traitements par la police, des plaintes sont déposées par des parents, des particuliers ayant versé de l'argent et des créanciers. Le prêtre est inculpé pour escroquerie par le parquet de Versailles. Pendant son procès, l'abbé Laurent plaide son innocence. Il accuse le « responsable » du centre de Molène d'avoir « dilapidé les fonds destinés au ravitaillement et vendu les moutons ». Après un réquisitoire « ressemblant fort à une plaidoirie »13, le prêtre est finalement relaxé par la 12e chambre correctionnelle de la Seine le 31 janvier 1959. Ces révélations mettent toutefois un coup d'arrêt aux expériences et les centres sont alors fermés définitivement...

Article paru dans
Le petit Parisien en 1938
(André Salmon)

« Aux basses eaux, Trielen se retrouve reliée à Molène par un banc de roches. Diable ! Ne serait-ce qu'une presqu'île ? Vous pouvez croire que, le plus souvent, Trielen a toutes les façons d'être une île, surtout d'une île privée de port. Des hommes, et des femmes aussi, vivent, très pauvrement,sur ce piton de l'Océan. Les pêcheurs, orgueilleux qu'ils sont de la noblesse de leur état, réservent aux gens de Trielen plus de railleries que de franche pitié. Ils nomment "pigouliers" ces fils de la mer qui n'ont même pas de barques. Je dirai ici simplement qu'il s'agit encore ici de goémoniers.
(...) Leur vie ? S'il y avait à Trielen des "pigouliers" au XIIIe siècle, leur vie ne devait pas être très différente de celle menée par les goémoniers de 1938. C'est tout dire en peu de mots. Le métier est rude. Couper, récolter, sécher le varech, le brûler selon des règles précises, n'est pas travail d'amateur. Molène, plus heureuse, adresse à Trielen le reproche grave de l'enfumer littéralement, pour peu que le vent s'en mêle, lorsqu'elle met son varech dans les plus primitifs ds fours à soude.
(...)Que si l'on tient absolument à ne pas se satisfaire de la vue; quand l'île entière eut s'embraser d'un coup d'œil, si l'on veut tout de bon débarquer, on connaîtra alors les joies combinées de la navigation et d'une équitation sommaire. Les gens de Trielen, qui sont rustauds mais bons diables, feront avancer dans l'eau un gros cheval de trait, l'un de ceux qui tirent les voiturées de goémon, jusqu'à votre embarcation. Vous vous hisserez sur cette « noble conquête » qui vous portera doucement jusqu'au rivage. Vous aurez bien un peu les pieds mouillés, peut-être le mollet, ce ne sera ni la faute du cheval, ni celle des "pigouliers". Ne vous en prenez qu'à votre curiosité. »

Le saviez-vous ?

bandomarche

Lors des grandes marées, certaines de ces îles sont parfois reliées entre elles par de larges estrans. Par exemple tous les ans quand cela est possible (marée 107 de coefficients minimum et surtout temps permettant) l'association Amicale Molènaise organise au mois d'Août ou Septembre la traditionnelle marche entre Triélen et Molène..., soit 3,5km dans la mer, les rochers et le goémon !

INFORMATIONS PRATIQUES

(image de fond : ©LM Tattevin)

QUELQUES CHIFFRES
Coordonnées GPS   48° 22′ 24″ N, 4° 56′ 10″ O
Distances   +/- 2km de Molène et à 11km du Conquet
Longueur   1000m
Largeur   300m max
Superficie   15ha
Point culminant   -
îlots annexes   -